Comment se passent tes rotations de pages du Coran?

بِسْمِ اللهِ وَالْحَمْدُ للهِ وَ الصَّلَاةُ وَ السَّلَامُ عَلَى رَسُولِ اللهِ

Assalamou 3aleyka wa rahmatuLlahi wa barakatouh, tout d’abord, jazakaLlahou kheir pour cet entretien. Pourrais-tu te présenter brièvement et nous expliquer de quoi tu « souffres » ?

Wa aleykoum salamou wa rahmatoullahi wa baarakatouh.

Premièrement, je tiens à remercier le site memo-rise pour les efforts que vous faites afin de propager la parole d’Allah Le Très Haut, les hadiths du Prophète , ainsi que les paroles de nos nobles savants en rapport avec la lecture et l’apprentissage du Saint Coran.

Selon ‘Oqba Al Ansari – radiyal-Llahu 3anh- , le Messager d’Allah a dit: «Celui qui montre la voie d’une bonne action a l’égal du salaire de celui qui l’a fait. » [Muslim]

Aussi je commence ainsi, car le Prophète a dit : D’après Nu’man Ibn Bachir (qu’Allah l’agrée), le Prophète a dit: « Le fait de mentionner les bienfaits d’Allah est un remerciement et délaisser cela est mécréance. Celui qui ne remercie pas pour la petite chose, ne remercie pas pour la grande chose. Celui qui ne remercie pas les gens, ne remercie pas Allah. Le groupe est une bénédiction tandis que la division est un châtiment » Rapporté par Al Bayhaqi et authentifié par cheikh Albani dans Sahih Al Jami n°3014)

Ensuite, pour répondre à ta question, je suis atteint d’une tétraplégie incomplète. Cela signifie que je n’ai plus le contrôle de mes jambes et suis donc incapable de marcher. Cependant Allah m’a redonné le contrôle de mes mains, me permettant une certaine autonomie. Je peux aller à la mosquée, lire et écrire sans aide waLillahil-lhamd.

Quel âge avais-tu lorsque tu as eu cet accident ?

J’avais 17 ans lorsque j’ai eu mon accident.

Comment as-tu réagi les premières semaines après l’accident ?

Les premières semaines de mon accident, je ne m’en souviens plus trop car je suis resté en réanimation pendant 1 mois, sans pouvoir bouger ni parler. Ensuite, quand j’ai pu parler à nouveau, les médecins m’ont expliqué la gravité de mon accident et combien je devais être heureux d’être encore en vie. Durant cette période, la seule chose à laquelle je pensais c’était mes parents. Je pensais à la souffrance et aux problèmes que je leur ajoutais. Je me demandais également à quoi allait ressembler ma vie sans le sport qui tenait une place très importante dans ma vie.

Est-ce que ton implication dans la religion a représenté une aide dans l’acceptation de cette épreuve ?

Avoir pris la décision de plus m’impliquer dans ma religion ne m’a pas aidé à accepter cette épreuve car durant les premières secondes après l’accident, quand j’ai demandé à mes amis de « prendre mes jambes » et qu’ils m’ont répondus « on les a ! », j’ai tout de suite compris que j’étais devenu handicapé.

Je l’ai bien pris sur le champ en me disant : «  Il te reste tes membres supérieurs, tu pourras te concentrer sur tes pectoraux et tes abdos, tu n’as pas besoin de tes pieds pour cela ». Donc alhamduLillah, j’ai immédiatement accepté ce qui m’arrivait et ai su voir le positif dans cette situation.

En revanche, notre belle religion m’a apporté énormément de clarifications, surtout concernant les raisons pour lesquelles Allah nous éprouve et les récompenses qu’Il réserve aux endurants face à celles-ci. J’ai compris pour qui je devais l’accepter, et les différents moyens d’y parvenir (par la permission d’Allah). J’ai compris comment accueillir cette épreuve, et les autres, comme une invitée et non pas comme une calamité. La religion m’a aidé à comprendre mon épreuve car je l’avais déjà accepté et cela a été un vrai soulagement.

Et le Coran, quelle place tient-il dans ta vie depuis l’accident ?

Au début, le Coran était un livre sacré que ma mère sortait lorsque moi ou un membre de la famille tombait gravement malade ou avait un problème de santé quelconque. Elle le cachait dans son armoire, enveloppé dans un bout de tissu au-dessus de sa pile de vêtement. Personne dans notre famille ne le lisait, et d’ailleurs à cette époque je ne savais pas lire l’arabe. Ce n’est que 6 ans après mon accident que j’ai commencé à apprendre à lire et que j’ai essayé de mettre toute mon énergie dans l’apprentissage et la mise en pratique de ce qui se trouve dans le Livre d’Allah – Le très Haut-.

Aujourd’hui (wa lillahi al hamd wa tawfiq), il ne se passe pas une journée sans que je ne le lise, le révise, le mémorise, et surtout que j’écoute des cours sur l’exégèse du Coran, par la permission d’Allah .

Est-ce que ton état de santé t’a déjà empêché de lire le Coran comme tu le souhaitais ?

Oui, cela m’est déjà arrivé de ne pas avoir la force d’ouvrir le Moushaf mais, alhamduLilah, mon état de santé ne m’a jamais empêché d’invoquer Allah ou de faire ma salat, même si je me souviens d’une fois, c’était vraiment difficile (Qu’Allah me pardonne), mais pas impossible. Et je sais que le fait d’avoir une relation constante avec le Coran m’a aidé dans ces moments durant lesquels c’était plus difficile car c’est une source intarissable qui parfait nos invocations et nos prières. [bctt tweet= »Méditer sur le Coran nous aide dans les épreuves quelles qu’elles soient. » username= »Memo_Rise_QURAN »]

Est-ce que tu sens des effets positifs sur ton état de santé à la lecture du Coran ?

Ça va dépendre de la manière dont je récite. Si je récite pour mouraj3a (la révision de manière rapide), je vais ressentir de la satisfaction car je suis conscient du fait qu’Allah – Le Très Haut – m’a permis de mémoriser ce que d’autres n’ont pas pu ou n’ont pas voulu mémoriser. Je suis également heureux d’avoir réussi (grâce à Allah Le très Haut) à garder une partie de Sa parole dans mon cœur.

Ensuite, il y a ce deuxième effet qui est le plus doux que je n’ai jamais eu dans mon cœur. C’est comme voir la Ka’ba pour la première fois ou assister à la naissance de son premier enfant multiplié je ne sais combien de fois ! Je ressens cela quand je récite, écoute ou lis le coran en méditant dessus grâce notamment au tafsir, l’exégèse du Coran, qu’Allah m’a permis d’étudier. Dans ces moments-là, Allah met dans mon cœur la compréhension des versets de son Noble Livre. Je suis entièrement plongé dedans, je sais que je vis un moment privilégié avec Allah, je suis très ému et je sens que cela a un grand effet sur mon cœur, sur ma foi. C’est pour moi ce qu’il y a de plus magnifique et je suis heureux de pouvoir vivre des moments pareils. C’est un peu comme vivre la 27ème nuit du Ramadan pendant un cours instant. On aimerait que ce sentiment ne s’arrête jamais. En plus de ces effets positifs de l’ordre du spirituel, je ressens également une amélioration au niveau physique sur ma vision ainsi qu’un atténuement de la fatigue. La lecture du Coran me renforce physiquement.

Quel conseil pourrais-tu donner à nos frères et sœurs qui ne sont pas touchés par la maladie concernant leur relation au Coran ?

Pour celles et ceux qui ne sont pas touchés par la maladie (qu’Allah les préserve), je leur rappellerai ceci :

  • Comme il a été dit : [bctt tweet= »La santé est une couronne posée sur la tête des bien-portants et qui n’est vue que par les malades. » username= »Memo_Rise_QURAN »]

  • Le Prophète a dit, dans le sens du hadith : [bctt tweet= »« Il y a deux bienfaits que les gens n’apprécient pas à leur juste valeur : la santé et le temps libre. » Rapporté par al-Bukhârî. » username= »Memo_Rise_QURAN »]

  • Selon ‘Oubayd Allah Al Ansàri (que Dieu l’agrée), le Messager de Dieu a dit :« Celui d’entre vous qui se réveille le matin en sécurité parmi les siens, ne souffrant d’aucun mal dans son corps, et possédant la nourriture de sa journée, c’est comme si l’on avait amassé pour lui tous les biens de ce monde ». (At-Tirmidhi)

Avoir conscience de tout cela, est très important, car trop de personnes ne réalisent qu’elles ont un bienfait qu’une fois qu’elles l’ont perdu. Faites donc bon usage de la bonne santé qu’Allah vous a donné en accomplissant le plus de bonnes actions possibles, dont la lecture, la méditation et l’application du Coran.

Quel conseil pourrais-tu donner à ceux qui souffrent d’une maladie ?

À ceux qui souffrent d’une maladie, je voudrais leur raconter cette histoire rapportée par notre noble Chaykh Abdel-Razzaq Al ‘Abaad- qu’Allah le préserve-, il raconte ceci :

« J’ai vu une fois dans un hôpital un garçon de 20 ans ou un peu plus. Lorsque je suis allé lui rendre visite il avait été touché par le feu un an auparavant. Tout son corps avait été rôti par le feu au point où lorsque tu le regardais il donnait l’impression de voir un morceau de bois; sa main était devenue raide et ses pieds était devenus raides et pâles. Il ne pouvait plus bouger alors il est resté sur son lit durant une année complète. Un jeune garçon ne dépassant pas la vingtaine. Lorsqu’il était mentionné, souvent c’était pour compter ses différents types d’adoration et moyens de se rapprocher de son Seigneur. Ce jeune homme que j’ai vu, avait en face de lui un Moshaf, alors je lui dis :

« Comment fais-tu pour le lire ? ». Il dit : « Lorsque j’ai besoin du Moshaf, je leurs fais un signe (aux infirmiers) et ils me mettent le Coran ouvert en face de moi. »

Il ne pouvait plus ouvrir le Moshaf lui-même car ses mains était devenues raides alors on l’ouvrait pour lui. Il lisait et quand il avait terminé une page, il appelait une personne pour qu’elle tourne la page pour lui.

Toi tes mains sont mobiles, ta vue et ta santé sont bonnes. Comment se passent tes rotations de pages ? Et comment ta vision est envers les paroles d’Allah (le Miséricordieux) ? Et comment utilises-tu ta force et tes efforts dans l’obéissance à Allah ( سبحانه وتعالى) ?

Cette histoire est un rappel pour les valides et les invalides, car même dans la maladie, il y a des degrés. Même si une personne est handicapée, Allah lui a très certainement accordé des bienfaits car [bctt tweet= »le vrai handicap n’est pas physique » username= »Memo_Rise_QURAN »]. Être handicapé ce n’est pas perdre l’usage de ses jambes, de ses mains, de ses yeux, le vrai handicap ce n’est pas d’avoir un membre amputé, le vrai handicap c’est de désobéir à Allah, le vrai handicap, c’est la mécréance et le chirk (le polythéisme), le vrai handicap c’est de ne pas suivre la voie des Prophètes et Messagers sur eux la grâce et la paix.

Celui qui est estropié, manchot, sourd ou aveugle, mais fait son possible pour accomplir les actes qui le rapprochent d’Allah تبارك وتعالى, celui-ci n’est pas handicapé ! L’handicapé c’est celui qui est paralysé pour obéir à Allah et qui se prive de tout acte d’adoration.

سُبْحَانَكَ اللَّهُمَّ وَبِحَمْدِكَ، أَشْهَدُ أَنْ لا إِلَهَ إِلا أَنْتَ، أَسْتَغْفِرُكَ وَأَتُوبُ إِلَيْكَ

Écrit par votre frère Abou ‘Abdil-Lahi

Le 27/12/2017